Dans la nuit, je scribe les mots

Dans la nuit, je scribe les mots,
hiéroglyphes pyramidaux,
éternelles barques
d’onirismes évaporés.

Le papyrus du cœur
tisse les profils fiers
aux larges regards
sur  fond bleu cru.

Tendre pierre taillée
de nos absences,
ta main nouée à la mienne
est scellée d’éternité.

L’ibis sacre le jour,
naissance étoilée
d’une divine âme
en miroir de nuit.

Le soleil course l’aube
et chante le crépuscule,
les oies migrant
comme nos cœurs fiancés.

Dans la nuit,  je scribe les mots,
amulettes et canopes de l’Indicible ;
le scarabée d’or aile la plume
qui signe d’un trait l’œil de Râ.

Serpente le Nil
aux pieds des palais ;
dattes et figues en oasis,
le vent du désert poussière les temples.

Les divinités dorment, veillent,
attendent et figent le mystère
de la vie et de l’après
dans leurs bras statufiés.

Très loin, les forteresses d’argiles
ombrent les heures de braise ;
le silence croise la caravane
qui chamelle sur la route des puits.

Dans la nuit, je scribe les mots
et parfume de nard le poème,
ce lin finement transparent
qui courbe la subtilité de l’éphémère.



© Sandra Dulier - Retrouvez l’auteur sur son site www.sandradulier.com et ses livres Ambres salines, regards d'écume (2017), Carnets poétiques (2016), Fleurs d'écume (2015) et Fleur de poésie source de vie (2012) sur TheBookEdition.