Le Maître du Vent

Une fée aux pieds nus est assise au bord de la rive. Elle chante au crépuscule. Entre le Maître du Vent, visage fermé, regard fixe. Il tient dans ses mains les clés du Jour. 

LE MAÎTRE DU VENT  - Combien de pierres de lune dois-je te donner en échange de quelques mots, Étoile ?  Combien de rosées de Soleil pour une plume tombée d'une aile d'Ange ? 

LA FÉE AUX PIEDS NUS  - 
Combien ? Combien ! Penses-tu, Maître du Vent, qu'il faille négocier ce qui est miracle du Ciel ? La nuit des temps murmure ses secrets aux Muses et moi, je suis la rivière de leur candeur. Combien, oses-tu demander ! Crois-tu marchander ce qui n'a de valeur qu'en perles de coeur ?  

LE MAÎTRE DU VENT - Je voudrais te voir fouler le sable des dunes, mais j'ai beau souffler sur tes ailes, tu échappes sans cesse à mes orages et à mes colères. Tout plie ici sous ma volonté et toi, tu résistes encore ? 
   
Coup de tonnerre. Le ciel s'obscurcit et la pluie couvre l'orée.
   
LA FÉE AUX PIEDS NUS - L'eau du ciel n'est pas punition et tu devrais savoir qu'un éclair décuple mes possibles. La foudre est une énergie première qu'insuffle le Puits. Tu as encore à apprendre, Maître du Vent ! Tu ignores ce qu'aucun nuage ne semble t'avoir nommé : la patience ! C'est la seule clé qui t'amènera en humilité à pouvoir m'entendre. 
    
Le Maître du Vent secoue les clés du Jour, les cache dans sa poche et sort.


© Sandra Dulier - Retrouvez l’auteur sur son site www.sandradulier.com et ses livres Ambres salines, regards d'écume (2017), Carnets poétiques (2016), Fleurs d'écume (2015) et Fleur de poésie source de vie (2012) sur TheBookEdition.